Le secteur du BTP a commencé à se mettre lentement au numérique depuis une dizaine d’années, donc bien avant la crise du Covid 19. L’adoption d’un ERP BTP est un bon exemple de cette évolution. Cependant, la pandémie a fait de ce changement une nécessité. Le secteur a donc été catapulté vers une nouvelle normalité. La digitalisation était l’un des remèdes suggérés depuis longtemps par les professionnels pour améliorer la productivité. Covid ou pas, le secteur se devait d’évoluer, et vite.
La transformation numérique dans le bâtiment et les travaux publics est une cause qui me tient à cœur depuis longtemps. A maintes reprises j’ai abordé cette question sur mon blog. Voici quelques statistiques pour mieux comprendre ma position.
1) Le BTP a connu une maigre croissance de la productivité au cours des deux dernières décennies.
2) La transformation numérique peut entraîner des gains de productivité de 14% à 15% et une réduction des coûts de 4% à 6%.
Il est prouvé que les innovations numériques peuvent rationaliser les processus sur les chantiers et apporter des changements favorables. Ce qui m’amène à dire que, qu’on le veuille ou non, l’avenir appartient au numérique. Entre parenthèse je ne mésestime pas les perturbations que cela peut générer dans un premier temps dans les entreprises, puisqu’on parle de remodeler les processus de travail.
L’adoption du numérique grâce à un logiciel de gestion de travaux signifie faire des devis en déboursés en utilisant le module Etudes de prix d’un ERP. Ainsi au lancement du chantier, le devis devient un budget travaux qui peut être remanier par le conducteur de travaux. Cela signifie disposer de tablettes pour le pointage des salariés et des matériels sur le chantier, qui seront directement intégrés dans l’ERP. Et bien d’autres choses encore.
Plusieurs facteurs freinent la digitalisation dans le BTP.
D’abord on sait que les êtres humains résistent au changement. C’est un phénomène intrinsèque. Pendant des décennies, et je ne remonterai pas au temps des cathédrales, le secteur de la construction a fonctionné de la même façon. Aujourd’hui encore, on voit beaucoup d’entreprises recourir à des méthodes basées sur le papier et le crayon, au mieux en utilisant des tableurs Excel. Cette inertie est l’un des principaux facteurs qui ont empêché le changement. Cet état d’esprit est-il en train de changer après l’épisode du Covid 19 ? Il est tôt pour le dire.
Je peux comprendre qu’abandonner des méthodologies ancestrales est un bouleversement. Pour certaines entreprises qui sont déjà à court de trésorerie, ce changement est un risque qu’elles ne sont pas prêtes à prendre. D’abord il faudrait commencer par la rédaction d’un cahier des charges ERP pour identifier les besoins en termes de gestion de chantier. Ensuite il existe une question générationnelle chez les conducteurs de travaux. Les plus jeunes sortis d’études supérieures y sont très favorables, car ils y ont été sensibilisés. C’est plus compliqué pour les conducteurs qui se sont formés sur le tas, en ayant commencé comme chefs de chantier par exemple.
Par ailleurs on constate que la main-d’œuvre est en train de vieillir dans le secteur, malgré tous les efforts des Fédérations du BTP pour attirer des jeunes sur ces métiers. Or avec l’âge, on ne s’adapte pas vraiment (voir pas du tout) lorsqu’il s’agit de modifier ses processus de travail. Pendant le Covid le secteur a perdu beaucoup de salariés (même chose que dans l’hôtellerie restauration en fait) et seule une partie a été « récupéré » avec le déconfinement. Je ne connais pas l’âge médian d’un travailleur du BTP actuellement mais il me semble qu’il s’approche des 40 ans.
Heureusement les priorités sont en train de changer dans le secteur. De plus en plus d’entreprises pensent à la transformation numérique pour leurs processus. On constate un intérêt et des investissements accrus en R&D dans les technologies de l’informatique. Toutefois, ces avancées sont encore balbutiantes.
Le retard pris en comparaison d’autres secteurs est important. Beaucoup de chantiers restent rivés à des processus manuels et très physiques, ce qui implique beaucoup de temps de travail consommé sans valeur ajoutée. Les dépassements de coûts et de délais sont la norme dans le secteur du BTP, avec toutes les implications sur les budgets. Certes ce n’est pas nouveau, mais la possibilité d’un amélioration reste un rêve lointain pour beaucoup d’entreprises.
L’année en cours marquera-t-elle le début de la numérisation massive du secteur du bâtiment et des travaux publics ? L’avenir le dira.
Michel Campillon lire plus…