Les Gilets Jaunes c’est l’histoire en direct. Chaque jour il se passe quelque chose. Entre un mouvement de fond, des politiciens avec leurs codes bizarre. Une incompréhension du pouvoir et la misère cela donne une bonne soupe qui déborde.
Les français sont un peuple de râleur qui a l’habitude de faire gréve et de manifester. Mais cette fois ci c’est différent.
La négociation a commencé
Pour l’instant les gilets jaunes ont obtenu une promesse de ne pas avoir une nouvelle taxe en 2019. Mais rien sur le présent pour baisser des taxes actuelles. Une promesse a de la valeur si la confiance existe mais il n’y a pas de confiance. Donc il est évident que cela ne va pas donner satisfaction. Le gouvernement peut-il aller plus loin que des promesses ?
Pour la première fois ce mouvement n’est pas égoiste.
D’habitude on a des mouvement égoiste. Ce sont les trains, le métro, les profs, les fonctionnaires bref des gens qui sont déjà bien qui veulent plus. Une catégorie qui demande quelque chose pour elle même. Avec les Gilets Jaunes il n’y a pas de catégorie. On a dit les campagnes, les catégories de la classe moyenne. C’est peut être un peu cela mais en fait pas vraiment. C’est multiple.
Les demandes des Gilets Jaunes ne sont pas si énormes que cela.
Ils veulent simplement plus de justice et une vraie démocratie. Moins de taxes (impôt pour les pauvres). Les riches payent moins d’impôt que les pauvres alors que normalement cela devrait être l’inverse.
La démocratie ne fonctionne plus. Les Gilets Jaunes ne sont pas entendu et ne croient pas à l’annonce du gouvernement. Un dialogue est utile que si on va en tenir compte.
La démocratie n’existe plus
Le peuple n’est pas souverain. Il n’a pas la main. La représentation ne fonctionne pas. Les parlementaire représente leur parti et non les français. C’était assez flagrant à regarder les débats télévisés et les réponses que les députés faisaient. C’était du discours qu’on leur avaient dit de dire. Il n’y avait pas de réfléxions personnelles. Aucune représentation de la circonscripton. Les institutions françaises sont bloqués. Seul l’article 68 que pour l’instant aucun député n’a déclanché pourrait offrir une sortie de crise. L’article 68 parle d’une destitution du président. Evidement le président ne va pas démissionner et il ne va pas dissoudre le parlement.
Le gouvernement ne peut rien faire
Ce qui est frappant c’est que peu de gilets Jaunes comprennent que le gouvernement ne peut plus rien faire. Il ne peut pas augmenter le smic ni baisser les taxes. Il doit respecter les traités européens.
La peur a changé de camp
On a l’impression que le pouvoir commence sérieusement à avoir peur. La république est menacée. Il va avoir des morts.
Voici ce qu’écrit un journaliste essayant de faire un reportage
1. La défiance envers les médias est immense et profondément enracinée. On en parle depuis les élections européennes de 2015, le Brexit et l’élection de Trump, mais c’est bien la couverture médiatique des #GiletsJaunes qui incarne le mieux en France le problème.
2. À chaque barrage rencontré, il nous a fallu débuter par 1h30-2h de médiation. Un temps nécessaire pour installer une discussion, de l’écoute, mais aussi de la pédagogie et pas mal de correction, en réponse aux fake news, décidément profondément enracinées.
3. Les fake news, justement. Comme les idées reçues, ce sont souvent les mêmes qui reviennent. En vrac, les journalistes mettent dans leurs sujets ce que leurs chefs/le gouvernement leur dictent. Les médias ne disent/montrent/rapportent pas la vérité.
4. Le gouvernement supprime des vidéos de violences policières du téléphone portable des #GiletsJaunes. Quand on les questionne, les personnes disent finalement l’avoir entendu de quelqu’un d’autre.
5. Le gouvernement supprime des vidéos (bis) postées sur Facebook. Là encore, soit c’est entendu d’un tiers, soit c’est effectivement Facebook qui l’a supprimé, mais là parce que la vidéo ne répond pas aux critères de publication du réseau social.
6. Or, et il faut le rappeler à chaque fois, Facebook est une entreprise privée. Ce n’est pas le gouvernement ou les médias qui choisissent ce qui y est publié/modéré.
7. Autre propos entendus de multiples fois chez les #GiletsJaunes : les policiers/CRS se déguiseraient en manifestants pour provoquer des affrontements avec les forces de l’ordre et casser du mobilier urbain.
8. Il s’agit en fait bien souvent de personnes mal informées qui finalement se retrouvent à manger de la désinformation (voient une vidéo sur Facebook présentée pour ce qu’elle n’est pas, voient une interview manipulatrice réalisée par @RTenfrancais, etc).
0. Le problème, c’est que même en passant 2h à déconstruire toutes ces fausses idées, il a été difficile de ramener les personnes rencontrées à la raison, ou du moins à la réflexion.
11. La pédagogie et le dialogue nous ont permis de dénouer tout risque de problème, de conflit, voire d’attaque, de nous faire accepter au milieu de ces #GiletsJaunes et de faire accepter la présence de la caméra…
12. …mais ça n’a pas été suffisant pour ramener un reportage TV complet. La défiance envers les médias et notre métier de journaliste demeurait trop grande pour pouvoir ramener un témoignage, pour « simplement » tendre le micro et poser quelques questions.
13. Si les #GiletsJaunes refusent autant de parler aux micros tendus, et on l’a lu partout depuis plusieurs jours, c’est aussi et surtout parce que beaucoup craignent de parler pour tous lorsqu’on leur demande pourtant de ne parler que d’eux, de leur vie, de leur cas personnel.
14. Par contre, et ça je l’avais raté avant de me rendre sur le terrain, beaucoup nous ont confié vouloir parler, témoigner, partager leur histoire et leurs espoirs. Mais ont peur des #GiletsJaunes les plus radicaux.
15. Sur les barrages où l’on se trouvait, les menaces pleuvent, nous a-t-on dit à de multiples reprises, sur les #GiletsJaunes qui se confient à la presse/aux médias. Certains nous ont expliqué avoir réellement peur de trop discuter.
16. Du côté d’une société de dépôts pétroliers à proximité du Mans, des gilets jaunes qui se revendiquent comme « pacifiques » viennent la journée réaliser diverses actions de blocage.
17. Et bien ceux-là même expliquaient rentrer chez eux à la nuit tombée, non pas pour rejoindre leur famille ou pour se reposer, mais parce qu’ils avaient peur, réellement peur, des gilets jaunes présents la nuit.
18. Une fois le soleil couché, membres du Groupe union défense (GUD, extrême droite) et anarchistes étaient là, sur le blocage, à la fois ensemble et séparés.
19. Plusieurs gilets jaunes qui se présentaient comme pacifiques expliquaient d’ailleurs qu’ils s’attendaient à ce que les deux groupes se foutent très vite les uns sur les autres, malgré la lutte commune.
20. Sinon, j’ai aussi entendu des choses surréalistes, un peu à l’image de ce que j’avais déjà ouï dire jeudi dernier, au rond-point des vaches de Saint-Étienne du Rouvray.
21. Par exemple, un gilet jaune qui se présentait ouvertement comme sympathisant du Rassemblement national, affirmait que « la colère s’est transformée en haine », ne manquant pas de proférer diverses menaces à l’adresse d’Emmanuel Macron.
22. Ces menaces, ce n’était pas des paroles classiques de manifestant ou d’opposant. Mais des appels au meurtre.
23. D’ailleurs, la majorité des #GiletsJaunes rencontré en Sarthe disait ne pas souhaiter se rendre à Paris samedi prochain. « Bien trop dangereux ».
24. Les plus pacifiques faisaient part de leur peur, de leur crainte de voir non plus des blessés, mais des morts. Et ce, de tous les côtés. « Certains y vont pour tuer », chuchotait l’un des gilets jaunes.
25. Mais l’image qui m’a le plus marqué, c’est celle d’un père de famille, bientôt la cinquantaine, un homme parfaitement équilibré, qui a complètement fondu en larmes en évoquant la situation « misérable » de sa mère, une retraité. Inconsolable.
26. Quant aux mots les plus surprenants, c’est un autre homme d’une cinquantaine d’années qui les a prononcé. Il a cité Nieztche en évoquant la politique d’Emmanuel Macron : « Ce ne sont pas les doutes qui rendent fou, ce sont les certitudes ». #GiletsJaunes